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30/09/2015

Ces libéraux qui hurlent contre 'Laudato si '

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...étonnent et indignent le public catholique :


 

  

 

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Courrier des lecteurs de La Croix du 24/09 en réplique à Gérard Thoris [photo] de Sciences Po, « économiste catholique »  ouvertement hostile à l'encyclique :

 

 

 

 

Pape et climat

 

J'ai lu avec intérêt le texte de Gérard Thoris « Le pape François danse avec les loups » (La Croix du 31 août). Une grande intelligence (prof à Sciences Po), de l'humour et un sens de la formule et du vocabulaire... Bravo ! Mais pourquoi d'aussi mauvaise foi ? (sans jeu de mots !). Pourquoi remplacer l'air de rien le mot « décroissance », qu'il fait semblant de ne pas connaître, par le mot « régression » qui n'en est pas un synonyme ? Pourquoi parler de réchauffement « supposé » alors qu'il est observé et mesuré ? Pourquoi parler « d'hypothèses » alors que tout se vérifie jour après jour, que l'immense majorité des scientifiques concernés est d'accord ? Pourquoi dire « clamer » avec tout ce que cela implique de connotation négative ? Pourquoi attendre que cela se confirme « demain » alors que demain c'est aujourd'hui, tous les signaux d'alerte étant allumés ? Notre cher professeur attendra-t-il que son petit-fils se soit coupé la main pour lui reprendre la tronçonneuse avec laquelle il joue ?

Mais pour aller plus loin ou plus profond, dans le genre psychanalyse, comment un si grand esprit peut-il se mettre au service d'une aussi mauvaise cause ? Quelle blessure ancienne, vexation, compte à régler ? Et quel argument ou démonstration pourrait le faire évoluer, reconsidérer ses certitudes ? Une brûlure au troisième degré ? Une déshydratation ? Une inondation de sa cabane de plage ? Quand le réchauffement aura complètement modifié notre environnement, Gérard Thoris (et moi, et Claude Allègre...) sera/seront morts, mais pas nos petits-enfants qui auront à régler les dettes qu'on leur aura laissées et les degrés centigrades ou Fahrenheit (supposés, bien sûr) auxquels on n'aura pas cru à temps. Enfin... pas tous !

Benoît Cauchy (Calvados)

 

Certes le pape ne parle pas des cyborgs ni des génomes trafiqués. Mais Gérard Thoris pense-t-il vraiment que les constats qui sont faits sur l'épuisement des ressources naturelles ou le changement climatique n'ont sans doute pas de conséquences sur la vie des habitants de notre monde, et sur la vie évangélique et spirituelle des plus pauvres... comme des plus riches ! Pourquoi un titre aussi agressif *, qui fait du pape un allié des désordres mondiaux ? Où voit-il que le pape ne défend pas la liberté de l'homme pour la louange du Créateur ? Les références à François d'Assise et le titre lui-même [de l'encyclique] proposent-ils autre chose ? Que vont donc proposer les élèves de Gérard Thoris lorsqu'ils seront en responsabilité ? Si je peux me réjouir qu'un professeur de Sciences Po, chroniqueur habituel de La Croix, garde l'esprit critique, il faudra qu'il m'explique qu'Edgar Morin déraisonne lorsqu'il dit que « cette encyclique est peut-être l'acte 1 d'un appel pour une nouvelle civilisation » !

Dominique Dewailly (Nord)

 

Ce papier, même inséré dans la rubrique Forum et débats de votre journal, ne lui fait pas honneur parce qu'il est partisan, non objectivé, et distille, en les masquant, un certain nombre de prises de position extrêmement discutables ; sauf, encore une fois, à ce qu'une prise de position de votre rédaction en fournisse un nécessaire contrepoint, à la fois objectif et engagé. Faute de quoi, puisque M. Thoris s'autorise à accuser le « pape François (de) danse(r) avec les loups » (excusez du peu!), je m'autoriserais volontiers à accuser votre rédaction de « faire l'autruche » en refusant d'assumer le contenu des écrits de certains de ses contributeurs.

Jean-Jacques Carpentier (Nord)

 

J'ai éprouvé une vive réaction à la lecture de l'article de M. Gérard Thoris et d'abord au titre de son article. Si, pour lui, le réchauffement climatique n'est qu'une théorie, à quoi sert, pense-t-il, de protéger la planète, et au pape François de lui donner « une onction spirituelle » (sic) avec son encyclique si cette hypothèse est avérée. On peut se demander s'il a lu cette encyclique pour penser que le pape pactise avec les loups. Je me demande avec qui pactise M. Gérard Thoris ?

Nade Chomarat (Nord)

 

Gérard Thoris est un climatosceptique classique : pour lui, le consensus de milliers d'experts climatologues est « une doctrine » dont « un collège d'experts clame le fondement scientifique » conduisant à une « religion de la régression ». Rien de bien neuf. En revanche, la théorie du complot démocratique qu'il élabore est plus originale : les responsables politiques auraient instrumentalisé le Giec, pour « reprendre le pouvoir sur l'opinion publique » en lui imposant « pénitence, repentance et décroissance ». S'il en est bien ainsi, le moins qu'on puisse dire est qu'ils cachent bien leur jeu, derrière des discours écartant toute menace d'écologie punitive, et cherchant le moindre dixième de point de croissance pour la relance de l'économie.

Mais la mise en cause du pape François et de l'encyclique Laudato si est plus surprenante dans sa présentation. Le pape n'a pas donné son « onction spirituelle » à l'une des thèses d'un débat scientifique : il a constaté (n. 23) de façon factuelle qu' « il existe un consensus scientifique très solide » sur un réchauffement « préoccupant », et que « de nombreuses études scientifiques signalent que la plus grande partie du réchauffement global des dernières décennies est due à la grande concentration de gaz à effet de serre... émis surtout à cause de l'activité humaine » ; Il a aussi et surtout constaté (n. 48 à 52) que ces phénomènes, qui ne sont plus controversés de façon solide dans la communauté scientifique, affectaient très gravement les plus pauvres, ce l'autorité morale liée à sa fonction lui interdisait d'ignorer.

On ne peut que partager la crainte exprimée par Gérard Thoris sur les dérives du transhumanisme. Les développements de l'encyclique sur la technologie (n. 102 à 114), ses apports à l'homme mais aussi ses risques devant la « frénésie mégalomane » de l'homme (n. 114) nous rappellent ici que « tout est lié », selon l'expression maintes fois répétée : opposer une grave dérive à une autre a-t-il un sens, dans notre conversion spirituelle ?

Michel Badré (Paris)

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* « Le pape François danse avec les loups » : un titre digne du web intégriste le plus énervé, et qui donne à son auteur l'air de se situer très à droite de M. de Larminat (ce qui n'est pas peu dire).

 

 

 

Mon commentaire : 

►  Bravo à La Croix d'avoir publié ces quatre lecteurs. Ils parlent en catholiques marchant avec l'Eglise. Le point de vue qu'ils dénoncent est celui d'une certaine droite parisienne, qui ne marche pas avec l'Eglise et croit pouvoir glousser devant les drames que signalent les écologues ; droite de notables (Luc Ferry, Pascal Bruckner, Gérard Thoris...), qui se livrent depuis dix ans à un petit concours de boutades appréciées des beaux quartiers – loin du « pays réel » des  gens conscients où désormais les catholiques ont toute leur place, comme on l'a vu à Saint-Etienne et un peu partout depuis cet été.*

Ni M. Ferry ni M. Bruckner ne sont des catholiques ! Mais M. Thoris semble en être un : et c'est là que ça déraille. La fatuité sarcastique n'est pas grave dans les cocktails ; elle l'est de la part d'un catholique, quand elle vise le pape dans un texte public. Combien de temps supportera-t-on ces mondains labellisés catho qui préfèrent suivre leurs opinions plutôt que le cap de l'Eglise ? Combien de temps des mandarins opposeront-ils leur « autorité » à celle du Magistère ?

Cette autorité-là fait des dégâts. A côté des quatre lettres de lecteurs de La Croix, il y en a une cinquième, signée « Gilles Murzeau (Indre-et-Loire)». Lire M. Thoris semble avoir confirmé M. Murzeau dans une conception fausse de l'Eglise. Voici son message :

Agriculteur producteur de lait retraité, j'apprécie la liberté d'expression et l'ouverture de « mon quotidien ». Ainsi, le 31 août, j'ai beaucoup apprécié l'article de Gérard Thoris qui exprime, avec les mots choisis, son doute à la fois sur les causes du réchauffement climatique et sa surprise que notre Saint-Père implique l'Eglise dans ce débat politique ; J'avoue avoir été bousculé à la lecture de Laudato si, mais je ne savais comment exprimer mes doutes. Gérard Thoris le fait brillamment mais modestement. Continuez de donner la parole à des personnages de cette pointure, c'est ce que nous attendons.

Peut-on croire que personne, au cours de sa vie, n'avait expliqué à M. Murzeau : 1. que le Magistère de l'Eglise a non seulement le droit, mais le devoir, d'intervenir dans les questions « politiques » (celles qui touchent le bien commun) ; 2. et que nous devons renoncer à nos parti-pris quand ils contredisent le Magistère ? Voilà M. Murzeau confirmé dans son erreur en ayant lu M. Thoris.

 

Quant au texte lui-même de M. Thoris, on le lit ici : http://www.la-croix.com/Archives/2015-08-31/FORUM.-Le-pape-Francois-danse-avec-les-loups.-Gerard-Thoris-professeur-a-Sciences-Po-2015-08-31-1350614

...et il montre que Sciences Po emprunte des éléments de langage à la droite mal-comprenante. Celle-ci avait le monopole d'un certain slogan (les « loups »**), et elle avait le monopole de l'ignorance en matière écologique (par exemple : ne pas savoir que le journal La Décroissance se bat contre le malthusianisme)... Le monopole se transforme en oligopole depuis que M. Thoris partage ce slogan (et cette ignorance) en accusant le pape de pactiser avec les « loups » (et les malthusiens). M. Thoris devrait avoir honte d'écrire de méchantes niaiseries.

 

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*  Voir ce blog, note du 27/09.

** Le fantasme des « loups » est apparu en 2005 dans ce milieu par détournement d'une formule de Benoît XVI. Les « loups » auxquels le pape allemand avait fait allusion (peu après son élection) étaient à la Curie, étrange alliance de conservateurs et de progressistes qui allait saboter le pontificat ratzingérien. Les « loups » imaginés par les nationaux-catholiques sont les cibles habituelles des milieux séculiers d'extrême droite  – auxquels Benoît XVI fut toujours étranger.

 

 

Commentaires

LEUR REFUS

> Ces mondains ne comprennent pas que le monde change. Ils ne veulent pas croire ce qu'ils voient. Mais pourquoi sont-ils insultants en plus d'être aveugles ?
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Écrit par : emmeline / | 30/09/2015

NICHE

> Thoris est simplement un des "chiens de garde" idéologiques du système économique, comme disait Halimi dans son essai de 1997 alors que la pensée unique s'emparait des médias et de l'Université.
Le problème pour les chiens de garde est que la pensée unique n'est plus unique et que Bergoglio vient de donner un sacré coup de pied dans la niche.
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Écrit par : Quiniou / | 30/09/2015

JE ME SOUVIENS

> Je repense à ce déjeuner de 1991 au 'Figaro Magazine', où Louis Pauwels recevait Alain Madelin et deux autres libéraux professionnels, juste après la parution de 'Centesimus Annus'. L'encyclique "contenait des relents de doctrine sociale de l'Eglise", grinçaient les convives : il allait falloir "aider" Jean-Paul II à aller vers le libéralisme ! Ce qui les irritait le plus était le passage de l'encyclique sur "les biens humains les plus précieux, trop fragiles pour être laissés à la discrétion du marché" (je cite de mémoire) : alors que tout, absolument tout, aurait dû devenir marchandise, comme Madelin l'expliquait dans sa série d'articles intitulée "Comprendre et aimer le libéralisme"...
Aujourd'hui, les "relents de doctrine sociale" sont devenu vent de révolution à travers 'Laudato si'. On comprend les libéraux de perdre leur calme.
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Écrit par : PP / | 30/09/2015

UN FAUX PROCÈS

> Gérard Thoris se croit malin en accusant l'encyclique de ne pas développer une critique du transhumanisme. C'est un faux procès puisque cette critique est impliquée dans le développement (très substantiel) de la critique de la tyrannie technologique.
D'autre part Thoris et ses amis ont bonne mine de faire semblant de critiquer le danger biotechnologique, alors qu'ils défendent le système économique qui a rendu la biotechnologie dangereuse ! Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes, dit Bossuet. Les biotechnologies ne sont pas dangereuses en elles-mêmes : elles le deviennent quand on les applique illégitimement à ce à quoi on n'a pas le droit éthiquement de les appliquer. Et qu'est-ce qui confère ce faux droit aux biotechnologies ? L'économique. Depuis la mondialisation néolibérale (qui a les faveurs de Thoris) on applique commercialement tout ce qui devient possible techniquement, même contre tout humanisme et toute morale. "Les vices privés font la prospérité publique" : maxime de base du libéralisme depuis 214 ans.
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Écrit par : Mikael / | 30/09/2015

TRUC

> Dans un registre plus léger, une action militante (et "borderline" du point de vue de la légalité) que je trouve absolument géniale : dessiner des fausses pistes cyclables... qui, parfois, se pérennisent !
http://www.informaction.info/iframe-ces-militants-qui-dessinent-des-fausses-pistes-cyclables

cf : désolé, aucun rapport avec la note, mais je voulais vraiment faire partager ce truc !
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Écrit par : Feld / | 30/09/2015

GAILLOT

> Ci-dessous un exemple du mélange cafard d'ignorance, de confusion, de désinformation (in-)volontaire typique des faux-amis du pape, cette fois-ci dans un style "esprit de François" qui succède au soit-disant "esprit de Vatican II" des années 70 :
"Mis au ban depuis vingt ans de l'Église de France, Mgr Jacques Gaillot a été récemment remis en selle par le pape François. Le souverain pontife a reçu longuement et chaleureusement en tête à tête l'évêque iconoclaste des sans-papiers à la résidence Sainte-Marthe à Rome. Chaud partisan du réformateur François, l'évêque français va suivre avec beaucoup d'attention le grand synode sur la famille qui rassemblera à partir de dimanche, et jusqu'au 25 octobre, les évêques et cardinaux du monde entier. En espérant voir venir les réformes promises…"
1/"l'Église de France" = l'église gallicane.
Ce n'est pas l'Eglise catholique laquelle est universelle ; si l'on veut parler de l'Eglise catholique en France on dit "l'Eglise catholique en France".
2/"mis au ban" : expression toute faite ; précisons que Mgr Gaillot n'a jamais été banni mais déchu de responsabilité au sein de l'Eglise (dont il est toujours membre).
3/"Mgr Gaillot remis en selle par le pape" : il a demandé à être reçu et il l'a été. C'est tout. Il est toujours évêque.
4/"longuement et chaleureusement" : pourquoi le pape serait-il désagréable ? En bon Argentin le pape est en effet chaleureux et comme prêtre il est paternel. Cela n'indique aucunement un accord sur le fond. A t-on oublié l'entrevue du pape avec F Hollande ? et son discours à l'ONU quand il a parlé de la famille ?
5/ "en tête à tête" : eh bien non, il y avait plusieurs personnes ; même cela, le journaliste ne sait pas ce que cela signifie.
6/"l'évêque iconoclaste des sans-papiers" : expression toute faite. Un iconoclaste est un briseur d'image pieuse ; Mgr Gaillot n'a jamais rien fait de tel.
7/ "des sans papiers" : les sans-papiers n'ont pas d’évêque et d'ailleurs, l'expression "sans -papiers" est elle aussi floue.
8/" à la résidence Sainte-Marthe" : donc dans la résidence privée : cela n'a donc rien d'officiel, il n'y a donc aucune "remise en selle".
9/"Chaud partisan du réformateur François" : hou ! le vilain journaliste qui veut faire croire qu'un évêque selon François c'est quelqu'un qui pense comme Mgr Gaillot !
10/"l'évêque français" : si l'on veut ; c'est une facilité de langage dont l'usage répété fait oublier qu'un évêque n'est ni français ni birman ni rien, il est successeur des apôtres, il est d'Eglise, il est catholique.
11/"En espérant voir venir les réformes promises" : le coup de pied de l'âne, la flèche du Parthe (mais ce journaliste n'a jamais entendu parler des Parthes) qui peut être compris comme le fait que le pape a promis des réformes allant dans le sens des idées de Mgr Gaillot.
On est bien dans une tentative de créer un mouvement "esprit de François" : j'ai-mieux-compris-que-François-ce-qu'il-veut-faire-mais-il-en-est-empêché-par-les-conservateurs.
Oui il y a des "empêcheurs" au Vatican mais pas du tout dans le sens que croit ou veut faire croire ce journaliste, ces "empêcheurs" sont les mêmes qui ont attaqué Benoit XVI et on peut être sûr que ce journaliste ne l'aimait guère

www.lepoint.fr/societe/mgr-gaillot-le-mariage-homosexuel-n-est-pas-une-menace-pour-la-famille-traditionnelle-30-09-2015-1969592_23.php

EL


[ PP à EL
1. Le pape François est tout aussi aimable envers les lefebvristes. Va-t-on en conclure qu'il les "remet en selle" ?
2. L'idée que "François = Gaillot" plaît beaucoup aux conservateurs bergogliophobes. Une fois de plus, la faction progressiste et la faction intégriste ont partie liée au royaume des paranoïaques (loin de la réalité vivante).
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Écrit par : E Levavasseur / | 01/10/2015

à PP

> superbe cette image. Où l'avez-vous trouvée ?
(Cela illustre-t-il la légende indienne des 2 loups qui se combattent à l'intérieur de nous ?)

franz


[ PP à Franz - Elle vient d'un site d'images gratuites. (Le traitement visuel fait penser à une allégorie, comme vous le soulignez. ]

réponse au commentaire

Écrit par : franz / | 03/10/2015

@ PP

> À cet égard, que pensez-vous de cette entrevue du cardinal Sarah (voir la question sur les enseignements du pape sur l'économie et l'environnement) ?
http://aleteia.org/2015/10/01/exclusive-interview-with-cardinal-robert-sarah/
J'ai donné le bénéfice du doute à Son Éminence dans le passé, mais là, je ne sais quoi penser... Des encycliques papales ramenées au niveau d'une simple « opinion »* sur les sujets autres que « le dogme »? Le pape qui parlerait sans plus d'autorité que les chefs politiques « séculiers »? Comment peut-on laisser entendre que le Saint-Esprit ne guide pas davantage le Saint-Père que César sous prétexte de « non-infaillibilité »? Quant à « l'expertise », ne dit-on pas que l'Église est « experte en humanité »? N'est-elle pas présente dans (presque) tous les pays et dans des domaines d'activité très variés (hôpitaux, écoles, organisations caritatives), sans compter son histoire de 2000 ans? Et pourquoi dire que les enseignements « infaillibles » sont « éclairés par l'Évangile » alors que tous les enseignements pontificaux sont éclairés à un degré ou un autre par l'interprétation que fait le pape de la parole de Dieu?
Je ne peux croire que son Éminence pense vraiment qu'il n'y a rien d'intermédiaire entre un dogme et « une opinion » dans les degrés d'autorité du Magistère ni qu'il n'a pas lu ce qui est écrit dans Lumen Gentium au sujet de l'attitude à adopter quant à l'enseignement « non infaillible »...

* Dans le même état d'esprit, un prêtre invité l'autre jour par le réseau EWTN (encore lui...) à analyser la visite de François aux États-Unis a déclaré (pour illustrer la différence entre un enseignement infaillible d'un autre qui ne l'est pas) que si le pape appuyait une équipe de football de l'Argentine contre un club américain, il aurait le droit de ne pas être d'accord avec lui... On reste pantois devant un tel parallèle.

François Sarrazin (Québec)
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Écrit par : François Sarrazin (Québec) / | 04/10/2015

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